La Plateforme

La Plateforme © Festival Films

Salut à toi chaton confiné ! En cette période un peu bizarre je viens t'apporter de quoi t'occuper avec un bon film espagnol qui respire la joie de vivre et la liberté : La Plateforme. Eh oui, si depuis quelques jours j'ai repris ma désintoxication des réseaux sociaux, je n'ai cependant pas réussi à échapper à un petit tweet très positif sur ce film, récemment arrivé sur Netflix. Un film sur des gens qui veulent manger ? Parfait pour un plateau-télé !

Mais gardons notre sérieux deux minutes. De quoi parle exactement La Plateforme (ou El Hoyo en VO) ? 
Goreng ((Iván Massagué) se réveille au 48e étage de "la fosse", une tour immense aux allures de prison où chaque étage est occupé par deux personnes. Ni fenêtre, ni porte, deux lits et le strict minimum pour l'hygiène. Et l'ambiance refroidit encore d'un cran quand il comprend qu'il y a bien pire. Dans "la fosse" il n'y a qu'un seul moyen de s'alimenter : chaque jour une plateforme remplie de victuailles descend un étage après l'autre. L'expression "premier arrivé, premier servi" n'a jamais été si limpide ! Selon Trimagasi (Zorion Eguileor), le colocataire de Goreng, le 48e étage est un bon niveau : il reste suffisamment de nourriture. Mais auront-ils autant de chance le mois prochain, lorsqu'ils seront drogués et se réveilleront dans une autre cellule ? Seront-ils plus haut ou plus bas ?

Honnêtement je me suis lancée dans l'aventure presque à l'aveugle. Je me souvenais du tweet enthousiaste, je venais de voir la bande-annonce.... ça promettait une petite séance sympathique sans prise de tête. Et quelle surprise ! Quatre murs, lumière blanche, lumière rouge et l'ambiance était posée. La Plateforme ne raconte pas seulement la descente aux enfers d'un pauvre bougre. Le film parle d'inégalités, de rapports de force, de moralité, d'optimisme... le tout ajusté à une bonne dose d'ironie macabre. Si je ne suis pas spécialement adepte des théories sur la fin du film (non petit curieux, tu chercheras sur Google après avoir vu l'oeuvre !), je ne peux évidemment pas passer à côté des indices qui laissent entrevoir à quel point le scénario nous offre une vision du monde à la fois austère et tragique.

La Plateforme © Festival Films

Chaque cas est différent dans "la fosse". Goreng est venu de son plein gré pour une durée de six mois en échange d'un meilleur rang social à la sortie, et a apporté un livre. Trimagasi, lui, a préféré être enfermé dans la tour plutôt qu'un hôpital psychiatrique après avoir commis un homicide. Et je vous laisse imaginer ce qu'il a choisi de prendre comme souvenir de sa vie d'avant. Ici, tout n'est question non pas de choix mais de nature. La nature profonde du prisonnier. Mangeras-tu en pensant à ceux qui sont en-dessous de toi ou auras-tu les yeux plus gros que le ventre ? Quel objet choisiras-tu d'emmener ? Serais-tu prêt à le perdre pour vivre une journée de plus ? Et cette dernière journée préfères-tu la vivre dans la peau d'un lâche ou dans celle d'un fou ?

Attention les coeurs sensibles ! Si le film tend plus vers la dystopie psychologique que vers l'horreur barbare, certaines scènes restent longtemps sur la rétine. Mais plus que l'image c'est surtout le propos que je retiens. Les dialogues efficaces, sans longues tirades, sans poésie. Les silences de Goreng et son regard si humain, torturé entre sa tête et sa faim. Et enfin l'absurdité de toute cette histoire. Il y a comme un air kafkaïen dans La Plateforme. Qui a construit cette tour ? Dans quel but ? Pourquoi mélanger les criminels et les civils ? Combien il y-a-t-il d'étages ? Qui surveille ? Qui punit ? Qui a commis la première faute ? 

Les plus terre-à-terre vous parleront de la dernière scène, les plus théoriciens vont citeront une scène anecdotique qui "en dit long". Personnellement j'aime ne pas connaître toutes les solutions. Le mystère ça ouvre toujours l'appétit.

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