La Reconversion de Sakurada

Photo by © by AZUMA Kaya / Takeshobo

En cette semaine très chargée niveau boulot à rendre, j'ai dû faire un choix cornélien : que lire ? Je venais de recevoir une grosse commande de Boy's Love (ma drogue) et plusieurs services de presse et, vous vous en doutez, c'est le coeur qui a vaincu la raison. Mais si La Reconversion de Sakurada a remporté la victoire c'est surtout grâce au mot de sa mangaka, Kaya Azuma : "Si vous lisez ce manga le soir, après une journée épuisante au travail (...) vous serez encore plus fatigué et vous dormirez bien". Vendu !

Attention, contenu plus qu'érotique ! Sakurada, trentenaire célibataire et pervers à ses heures de boulot se retrouve évincé par son propre "élève". Mibu, le nouvel employé qu'il a formé, est un homme beau, brillant et avenant. Le parti idéal pour toutes les femmes de la boîte qui méprisent ouvertement "Sakurada l'incompétent". Mais comme on le dit si bien : "l'habit ne fait pas le moine "! Et après une soirée trop arrosée, Sakurada se réveille dans ce qui ressemble à une salle de classe, ligoté à une chaise. Mais le pire reste à venir : voilà que le charmant Mibu s'est transformé en dominateur, cravache à la main et tenue de cuir sur le dos, prêt à le convertir au SM.

A la lecture du résumé, même les plus expérimenté(e)s des fujoshis peuvent se dire "What ?", ce qui était mon cas. Si l'univers du BDSM littéraire m'a fait découvrir d'excellentes lectures (Sunstone, je te dévore du regard), avec l'âge je suis devenue beaucoup plus exigeante sur mes lectures BL. Et malgré la "magie de l'amour", le consentement est devenu quelque chose d'essentiel dans mes choix. L'agression romantisée n'a rien d'excitant, not sorry ! Mais alors pourquoi lire La Reconversion de Sakurada, n'est-ce pas justement ce que je détestes ? Eh bien contre toute attente non justement !

Photo by © by AZUMA Kaya / Takeshobo

Il m'a fallu du temps pour reconnecter les neurones mais je connaissais déjà Kaya Azuma. Son autre manga, My Rumspringa, est l'un de mes derniers gros coups de coeur en Boy's Love et je suis ravie de retrouver ses planches où le réalisme s'accorde parfaitement avec la chair douce et dodue des corps représentés. Si Kaya Azuma place ses héros dans des contextes ambigus, la prostitution pour My Rumspringa et le BDSM pour La Reconversion de Sakurada, ses oeuvres sont toujours écrites avec beaucoup de finesse, de tendresse et d'humour. Parce que c'est drôle La Reconversion de Sakurada, c'est hilarant même !

Si le contexte de la romance peut sembler loufoque, attendez de voir Sakurada et Mibu ! Tous les deux pervers jusqu'au bout des ongles, leur entente passe bien évidemment par le sexe mais surtout par l'intellect. Ces deux-là sont faits pour s'entendre, aussi bien dans la roublardise au travail que dans les draps le soir venu. Impossible de ne pas rire face à leurs dialogues souvent tue l'amour ou devant les grimaces de Sakurada. J'y ai retrouvé la même ironie que dans le désopilant shôjo Takane & Hana ! Si l'image du BDSM est volontairement clichée, ajoutant encore plus de grotesque à l'histoire, Kaya Azuma nous présente surtout deux hommes bien maladroits dans leurs costumes. Leur relation, c'est un vrai lâcher prise où ils peuvent s'abandonner et surtout apprendre à faire confiance. 

Pour découvrir La Reconversion de Sakurada, je vous conseille d'avoir le coeur bien accroché, non pas parce qu'il est dérangeant mais parce qu'il est explicite et totalement décomplexé. L'humour est à prendre au millième degré et il n'y a pas un seul personnage pour rattraper les autres mais ça fait un bien fou ! Et pour la petite histoire : j'ai ri, j'ai bien dormi et le lendemain matin j'ai rangé ce petit à côté de son frère sur mon étagère.

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