Act-age

ACT-AGE © 2018 by Tatsuya Matsuki, Shiro Usazaki / SHUEISHA Inc.

Ding Dong ! Nous sommes le jeudi 4 juin et aujourd'hui non seulement vous avez un article bonus mais, en plus, Act-age sort en librairie. Act-age, c'est la nouvelle série plus que prometteuse des éditions Ki-oon ! Et comme j'ai eu la chance de pouvoir dévorer les deux premiers tomes en avant-première, je me fais une joie de partager ma frustration avec vous. Frustration, pourquoi donc ? C'est simple, je veux déjà la suite.

Bienvenue dans la vie modeste de Kei Yonagi. Soeur ainée d'une fraterie de trois, elle essaye tant bien que mal de joindre les deux bouts. Leur père a pris le large sans se retourner et leur mère adorée est décédée. Et pourtant, malgré tous leurs malheurs et les soucis financiers, les enfants Yonagi sont heureux. Du moment qu'ils sont ensemble le reste n'a pas d'importance. Mais en bonne grande soeur, Kei veut tout faire pour mettre ses cadets à l'abri du besoin. Et c'est dans cet état d'esprit qu'elle tente le concours d'entrée de l'agence Stars, réputée pour dénicher les futurs grands acteurs du cinéma japonais. Kei a un don : l'adolescente peut se glisser dans la peau de n'importe quel personnage en un battement de cil. Seulement ce talent brut pourrait lui être fatal. Si jouer lui est facile, revenir à la réalité est une autre affaire. Au point qu'un jour, elle risque d'être définitivement bloquée dans un de ces rôles !

J'avais déjà entendu parler de ces acteurs qui, après une scène éprouvante, ont du mal à quitter les émotions fortes procurées par leur personnage. Bryan Cranston a notamment parlé de son expérience lors du tournage de Breaking Bad, avec la scène d'overdose qui lui a valu l'Emmy Award du Meilleur acteur en 2009. Pour le commun des mortels que nous sommes cela peut être difficile à concevoir, mais jouer implique plus que de sourire à la caméra, avec le script à portée de main.
Et c'est sur cet aspect en particulier que s'attarde Act-age : le don de Kei pour la comédie est terriblement contraignant. D'abord pour son entourage qui au mieux la trouve un peu bizarre à changer si souvent de personnalité, au pire la trouve effrayante. Une personne avec un visage aussi inexpressif qui pleure ou rit sur commande, cela à de quoi surprendre ! Mais surtout, ce jeu particulier, appelé système Stanislavski, réduit les chances de l'adolescente d'accéder au monde du cinéma. Un acteur qui peut sombrer dans la folie à force de jouer c'est un gagne-pain en moins. La vie est cruelle et le monde du showbiz sans merci !

ACT-AGE © 2018 by Tatsuya Matsuki, Shiro Usazaki / SHUEISHA Inc.

Et si Act-age répond aux codes basiques du shônen concernant le talent monstre de Kei. En mode  Laura ou la passion du théâtre : "Regardez cette étoile montante du cinéma ! Mais comment fait-elle pour jouer SI bien ?", le manga reste terriblement accrocheur. Déjà parce qu'on plonge dans le monde du cinéma de manière très abrupte. Si Kei s'entoure vite d'amis bienveillants qui croient en ses chances, on ne cesse de lui répéter le vieux proverbe : "beaucoup d'appelés, peu d'élus". La jeune fille a choisi un métier difficile, et il est réjouissant de voir que les auteurs ont choisi un ton réaliste, voire fataliste là où d'autres mangakas auraient affublés Kei des "ailes de la chance insolente". Il faut dire que le scénariste d'Act-age, Tatsuya Matsuki a réellement travaillé dans le milieu avant de se lancer dans le manga. Ce qui ajoute une touche de véracité  !

Et côté graphisme, Shiro Usazaki n'est pas en reste ! Son chara-design est hypnotisant, en particulier les regards de ses personnages qui sont de vrais lacs lumineux. Apparemment repéré sur Twitter par Tatsuya Matsuki, son style est déjà très affirmé. Personnellement, sa patte graphique me fait penser à un hybride entre Takeshi Obata (Death Note) et Jun Mochizuki (Les Mémoires de Vanitas). Le premier pour la finesse de ses traits et la seconde pour la chaleur qui se dégage de ses planches et les expressions de ses personnages. C'est assez dingue de donner autant de vie à une héroïne aussi peu démonstrative quand elle n'est pas devant la caméra !

Que dire de plus si ce n'est que j'ai vraiment adoré la lecture de ce manga et qu'il me tarde de continuer l'aventure. Et, je l'avoue volontiers, je mise beaucoup sur l'espiègle Chiyoko ! Mais je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir à votre tour Act-age. Ensuite revenez me voir, j'ai besoin de parler cinéma là tout de suite !

Commentaires