Vaincre son angoisse Booktube

Photo by Christin Hume on Unsplash

Me revoici donc sur ce blog un peu oublié dernièrement. Si vous me suivez sur Booktube, vous avez brièvement entendu parler de ma dépression qui m'a bloquée niveau productivité. Alors oui le retour est un poil lent mais il est bien en marche. Prendre soin de soi, cela demande du temps et encore aujourd’hui j’ai parfois du mal à retenir cette leçon ! A propos de retour sur ce blog, j’aimerais partager mon expérience sur « l’angoisse Booktube » avec vous. Bien sûr, je sais que ce thème a déjà été abordé et, j'ignore combien d'entre vous liront cet article jusqu'au bout. – Qui lit encore assidûment des blogs à l’heure des stories ? – Mais à vrai dire, cet article traîne dans mes brouillons depuis l’année dernière. Il a été relu et réécrit mais l’idée de base reste la même : « Ami(e) booktubeur/se, protège-toi ». 


Photo by Christin Hume on Unsplash
Booktube, un danger ou un idéal ?

Mais se protéger de quoi exactement ? Booktube serait-il un danger méconnu ? Mine de rien, je suis bloggeuse et booktubeuse (les débuts ont disparu parce que #shame) depuis 2011 et je peux affirmer sans problème que le milieu Booktube est relativement bienveillant.

Mais malgré cette bonne ambiance la menace est présente, elle a même pris de l'ampleur avec les réseaux sociaux. Non, il ne faut pas tout mettre sur le dos des réseaux (BLACK MIRROR paranoïa) mais les faits sont tout de même là : la proximité qu’on venait chercher pour parler de livres peut vite se retourner contre vous, et ce même en étant préparé. Les « haters » dans les commentaires, les rivalités, les polémiques incessantes sur Twitter, la course aux likes, quand on traîne sur le net ça devient presque un pack obligatoire à chaque début de partie. On le sait très bien que Booktube n’est pas un monde à part où tout est rose et, malgré l’étiquette de « bisounours » qu’on aime bien nous coller nous sommes loin d’être aussi naïfs. Mais alors quoi ? Tu nous parles d’un danger depuis le début de ton blabla et toujours rien ? Si ce n’est ni Booktube ni les rageux le problème, qu’est-ce que c’est ? C’est nous-même.

Photo by Becca Tapert on Unsplash
Prank, je veux mieux faire ça tourne mal

Quand je dis que le problème vient de nous, je ne généralise pas. Certains ne se sentiront absolument pas concernés mais pour celles et ceux qui ont déjà ressenti ce besoin de "mieux faire" vous comprendrez vite où je veux en venir.

Le danger est insidieux, il se cache pile là où vous ne l’attendez pas : dans votre bibliothèque. Observez bien vos étagères, votre pile à lire, votre wish-list, vos derniers bilans lectures. Vous n’avez pas remarqué que vous commenciez à avoir une bibliothèque très semblable à celle des autres ? Ce premier tome d’OUTLANDER acheté pour rencontrer le beau Jamie, ces figurines pop HARRY POTTER trop mignonnes, ces livres en langue étrangère plus décoratifs qu’autre chose, ce bullet journal que vous essayer tant bien que mal de remplir, etc., etc., etc. Le trait est caricatural à fond, j’en conviens, mais il est assez réaliste, la preuve : quand j’ai réalisé que c’était justement à ça que ma bibliothèque ressemblait j’ai eu un choc. 

Loin de taper sur la tête de autres, je tape plutôt sur ma propre tête pour m’être laissée piéger sans même m’en rendre compte ! L’accumulation de nouveautés, les photos pour faire « comme sur Insta », les vidéos que l'on doit absolument sortir toutes les semaines sinon on tombe dans l’oubli, les stories quotidiennes pour montrer qu’on dévore les livres avec de la sauce au poivre… tout ça, cela rentre lentement dans votre cerveau et avant même qu’on ne le réalise on s’est « adapté aux standards » de Booktube. Petit à petit, à force d’être submergé par cette proximité qu’on a avec les autres on a envie d’être aussi inventif, productif, aussi bon orateur, rédacteur et tout le tintouin. L’envie de reconnaissance, pour notre personnalité (ironie de la chose) et notre travail se fait de plus en plus ressentir. Et, après l'envie, ce sont ses amies angoisse et pression qui débarquent. Parce que le nombre de vues ne bouge pas, parce que nos chroniques ne sont pas lues, parce que nous-même ne lisons pas aussi vite, pas aussi bien que les autres, parce que nous n’arrivons tout simplement pas à être comme les autres.

Photo by Radu Marcusu on Unsplash
Fermer ses livres pour mieux revenir

Oui, tout cela sonne très enfantin, presque niais et cela peut même vous faire lever les yeux au ciel ! Mais cette angoisse, même si elle passe par le biais d’un écran, peut réellement être dévastatrice. Bien sûr que mon moral, à cette époque, n’a rien aidé, mais je reste persuadée que d’autres personnes ont vécu cette expérience alors même que tout allait bien pour eux. 

Et donc, une fois qu’on a réalisé qu’on avait plus du tout envie de faire « comme les autres » qu’est-ce qu’on fait ? Désolée si tu avais de l’espoir mais je n’ai clairement pas de solution miracle. Déjà parce que juste en prendre conscience m'a demandé énormement de temps. Mais aussi parce que la lecture est un acte intime et chacun suit un chemin qui lui est propre. En fait, on ne vaincra jamais totalement « l'angoisse Booktube », parce que si elle est arrivée c’est qu’on avait déjà un soupçon d'auto-pression en nous, naturellement, mais on peut apprendre à la doser et même à l'apprivoiser. Dites-vous que vous que la cohabitation est nécessaire.

Personnellement, j'ai coupé quelques temps les ponts avec le milieu. Sans partir à l'autre bout du monde non plus j'ai tout simplement mis mon téléphone de côté. A force d'être accro, j'en arrivais à me faire du mal même avec les comptes et les chaînes de personnes dont j'admire le travail ! Dans ce cas-là il faut avant tout prendre soin de soi, donc tri dans les abonnements, la bibliothèque et la tête. Je me suis aussi tournée vers d’autres activités plus douces pour l'esprit. De mon côté c'est le dessin mais vous, trouvez ce qui vous plaît. Le but premier de cette grosse remise en question c’est d’apprendre à te retrouver et si évolution il y a dans tes choix littéraires, acceptes-la aussi. Cette angoisse liée à Booktube peut faire oublier une chose essentielle : si on s’est lancé dans l’aventure c’est parce qu’on aime la lecture. Mais la lecture ça demande de la patience, de la curiosité et de l’envie. A nous donc de rallumer la flamme mais cette fois en prenant notre temps et en acceptant qu’on peut faire des erreurs de parcours. 

L'article s'arrête ici, bravo à vous si vous avez réussi à surmonter ce pavé qui apporte plus d'interrogations que de réponse. Au final, ce que je retiendrais de cette "angoisse Booktube" c'est que même en étant sûr(e) de ses goûts et en ayant une personnalité assez forte ont peut se laisser influencer. Ce n'est ni volontaire ni foncièrement mauvais, mais ça peut faire souffrir et c'est sur ce point qu'il faut être prudent. Après, rien n'empêche de faire la paix avec notre bibliothèque, si vous en êtes venu(e) à la redouter/détester n'oubliez jamais que c'est surtout votre alliée. Il serait peut-être temps que je termine HARRY POTTER, qu'est-ce que vous en pensez ?

Photo by Jonathan Cooper on Unsplash

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