YOU


Nouveau ! On parle aussi séries télé sur le blog ! Et quoi de mieux pour débuter ces chroniques que de parler d'amour et de crime ? Adaptation de PARFAITE, le premier roman de Caroline Kepnes, YOU est l'une des dernières séries phares de Netflix, sortie en fin d'année. Avec un beau gosse sur l'affiche et l'annonce d'une suite, le suspens psychologique mérite-t-il tant d'éloges ? Entre faux pas et bonnes idées, le résultat risque d'être surprenant !

[Attention spoilers !]

Quand Don José rencontre My Fair Lady
L'histoire commençait pourtant comme une romance hollywoodienne ! La jolie Beck, fortement alcoolisée après une soirée décevante tombe sur les rails du métro new-yorkais tandis que le prochain train arrive à grande vitesse. Heureusement le beau Joe est présent sur les lieux et la sauve in extremis de la mort ! Beck est une apprentie auteure, Joe est gérant d'une librairie, ils ont le même humour cynique et trop de casseroles sentimentales derrière eux. Tout les pousse à sortir ensemble mais Beck est déjà en couple et ses amies n'approuvent pas Joe, trop prolétaire, trop calme, trop cérébral. Si les excuses sont discutables, l'instinct des copines est pourtant fin, Joe n'est pas si gentil qu'il veut bien le faire croire.

Hep ma belle, tu montes ?
Calculateur, hautain, son coeur de glace s'enflamme dès qu'il pense à Beck. Il la désire et met tout en oeuvre pour devenir le centre de son univers. Épier ses moindres faits et gestes depuis sa fenêtre et faire le ménage dans ses relations, rien n'effraye le prétendant ! Au revoir le copain à côté de la plaque, les copines superficielles et les mauvaises habitudes de la jeune écrivain ! Joe prend un malin plaisir à façonner cette nouvelle Beck selon ses envies pour en faire l'artiste idéale. C'est la mauvaise rencontre entre l'ingénue mal dégrossie et un esthète sociopathe ! Mais s'improviser tueur en série n'est pas donner à tout le monde et Joe manque cruellement de débrouillardise. Tuer n'est pas instinctif et les erreurs grossières, si elles amusent un temps elles font rapidement lever les yeux au plafond. L'amateurisme ça passait encore dans les années 90, mais à notre époque, difficile de croire que monsieur le libraire ne sait pas faire une recherche internet sans laisser de trace derrière lui ! 

#Frustrés
Pourtant tout n'est pas noir ou blanc dans cette histoire. Joe n'est pas le seul à avoir le mauvais rôle. Que ce soit Beck l'insatisfaite chronique ou ses trois amies bourgeoises qui se la jouent SEX & THE CITY et n'ont franchement rien à apporter à l'intrigue, la jeunesse new-yorkaise ne fait pas rêver ! 
Accros à leurs téléphones et particulièrement aux réseaux sociaux, avec ces demoiselles tout ne tourne qu'autour de l'argent et du sexe. Qui a le plus beau tableau de chasse,  qui a le plus gros compte en banque ? Si la volonté première de la série était de montrer les dangers d'Internet et de la course à la gloire éphémère, les scandales dévoilés au fil des épisodes font pâle figure à côté de l'obsession malsaine qu'éprouvent Peach et Joe pour Beck. Alors que le personnage d'Annika, avec son statut d'influenceuse aurait pu amener à une vraie réflexion sur les réseaux sociaux et le body shaming, son rôle est finalement minimisée à la simplette qui sert d'outil aux deux cerveaux du show (#Joe&Peachforever). 


Rien de mieux que le naturel pour Instagram !

La critique sociale laisse rapidement la place au thriller où la frustration gagne la première place dans le scénarioFrustration sexuelle pour Peach qui joue très mal son rôle de meilleure amie, ayant raté le coche depuis bien longtemps pour avouer ses sentiments.
Frustration pour Beck qui a basé sa réputation d'auteure, peu motivée, sur la fausse mort de son père. Et quand arrive la fatale rencontre avec la talentueuse Blythe, l'égo en prend un sacré coup ! Et hop ! Une excuse de plus pour ne pas écrire !
Frustration pour Joe, enfin, qui ne voit en Beck qu'un objet de manipulation malsaine. Ce n'est pas de l'amour qu'il éprouve pour la jeune femme, c'est une vision biaisée de la femme idéale. La preuve : à chaque fois que la réalité brise ses fantasmes, il est perdu face aux réactions de sa belle. 

Et surtout frustration pour le spectateur qui doit s'empêcher de râler à chaque fois que l'héroïne prend les mauvaises décisions sans jamais en assumer les conséquences ! Non, le rôle de la femme n'est pas seulement de coucher avec tout ce qui bouge ou de faire des caprices ! Non, l'écriture n'est pas une promenade de santé quand on cherche juste à attirer l'attention ! Non, les mensonges incessants dans un couple ne font pas de bons éléments de scénarios et non, Beck n'est définitivement pas une héroïne qu'on a envie de soutenir

Si je t'aime... prend garde à toi !
Mais si la série écrase la cohérence avec ses gros sabots, elle a au moins le mérite de poser une question intéressante : au final comment ça fonctionne l'amour ? Le véritable amour, celui pour qui nous serions prêts à toutes les folies ? Aimer quelqu'un jusque dans ses tripes est-il seulement sain ? Si l'on suit les actions des personnages ça a l'air d'être tout le contraire ! Que ce soit l'amour filial, l'amour obsessionnel ou même la confiance, tout est sujet à débat !

Je t'aime Beck. Tu veux visiter ma cave ?
Les parents n'ont jamais le bon rôle dans YOU. Entre la mère du petit Pacco (le voisin de Joe) qui n'arrive jamais à quitter définitivement son amant violent, le père de Beck qui l'abandonne et le père adoptif de Joe, qui lui lègue sa librairie ainsi qu'une vision très personnelle du meurtre (entre psychopathes, on se soutient), il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! 

Et c'est pareil du côté des amis puisque les lolitas se critiquent, les étudiantes profitent du succès de l'une pour s'auto-acclamer, et Pacco en vient à couvrir deux fois volontairement Joe pour ses mauvaises actions, allant même jusqu'à le regarder avec des yeux débordant d'admiration.  Quant à la confiance, elle n'a le beau rôle que lorsque ça arrange les protagonistes, qui sont tous incroyablement de mauvaise foi. La confiance, c'est le joker qu'on sort quand on n'a plus d'argument. "Oui j'ai trompé / volé / menti / tuer / séquestré / trahi... mais c'est parce que je veux voir si je peux te faire confiance !". C'est bien simple, avec cette série nous ne sommes plus dans du drame policier, c'est devenue du burlesque qui se mort la queue avant même qu'on ne s'en rende compte ! Tu m'étonnes que ça finisse dans un bain de sang !

Des défauts, YOU en a à la pelle, mais étrangement la série reste très addictive et on prend plaisir à la regarder et à en débattre par la suite. Il n'y a pas forcément besoin d'un sans faute pour apprécier un bon divertissement ! Le résultat est mitigé certes, mais il a au moins le mérite de donner envie de se plonger dans le roman original. Alors amis lecteurs, foncez vite chez votre libraire. Mais prenez garde à ce qui se cache derrière ses étagères.

Photo by Stefan Steinbauer on Unsplash

Commentaires

  1. Et mais c'est une belle voiture que tu as Joe ! Par contre, ça pue le cadavre, étrange?
    Sinon super article, Beck est clairement insupportable par contre, Joe, c'est tout de même un beau gosse.

    Juste une petite précision, les libraires ne sont pas tous des psychopathes, bisous ;)

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